Violence éducative ordinaire : quels impacts et quelles solutions ?

La violence éducative ordinaire regroupe toutes les violences qui sont faites aux enfants dans le but de les éduquer, à la maison comme à l’extérieur.

On peut considérer qu’un comportement est violent lorsqu’il s’agit de quelque chose que l’on ne souhaiterait pas subir. Par exemple, dans toutes les sociétés, il est interdit de frapper les adultes et les vieillards -cela est même interdit par la loi-. Par contre frapper un enfant est autorisé, voire encouragé, chez la plupart des peuples.

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Violence éducative ordinaire : quels impacts et quelles solutions ?

La violence éducative ordinaire touche tous les âges, toutes les catégories sociales et toutes les régions du globe

Les différentes formes de violences éducatives ordinaires

Les violences éducatives ordinaires (VEO) peuvent être classées en différentes catégories. Parmi elles, on peut citer :

  • les violences recommandées sur l’ensemble de la planète, avec en tête les châtiments corporels. Ce sont les violences faites aux enfants les plus présentes,
  • les violences punitives, dans lesquelles une personne responsable de l’éducation d’un enfant juge normal d’y avoir recours afin de le contraindre,
  • les violences qui établissent un rapport de pouvoir violent,
  • les VEO peuvent être physiques ou morales,
  • elles peuvent être trouvées sous de multiples formes :
    • l’humiliation,
    • la manipulation,
    • la moralisation,
    • le changement dans l’attitude de l’adulte qui insécurise l’enfant,
    • le chantage,
    • la promesse jamais tenue,
    • l’isolement/l’enfermement,
    • le coup,
    • le jugement
    • la moquerie,
    • la punition humiliante,
    • l’empêchement de l’expression des sentiments,
    • la menace,
    • la négligence,
    • la comparaison désobligeante,
    • la minimisation des besoins, sentiments, désirs..

Cette liste vous rappelle quelque chose ? En effet, la plupart des gens ont subi ce genre de brimades lorsqu’ils étaient enfants. Mais si les VEO sont tellement gênantes lorsqu’elles sont appliquées à des adultes, pourquoi sont-elles encore administrées aux enfants ? Et quelles conséquences ont-elles sur la société ?

Violence éducative ordinaire et obéissance

La VEO est appliquée aux enfants dans le but de les faire obéir. L’adulte -qui a lui-même subi la VEO étant jeune- se considère comme supérieur à l’enfant. C’est à partir de ce présupposé qu’il considère légitime d’imposer son point de vue à l’enfant, qui doit par conséquent lui être soumis.

Un parent assuré est capable de changer d’avis devant le refus de son enfant. Il est de plus en plus admis qu’écouter les enfants est une chose positive pour eux. Et si la requête du parent est juste, pourquoi l’enfant la refuserait ? La VEO est employée uniquement lorsque le parent place ses besoins ou ses envies devant ceux de l’enfant, qui doit alors s’y plier. Il est possible de vivre en harmonie avec des personnes de tous les âges, à condition que chacun tienne compte des besoins des autres. A partir du moment où l’adulte est obligé d’imposer ses vues par la violence, c’est qu’il y a un problème soit de communication (nous ne nous sommes pas compris) soit de hiérarchisation des priorités (nous pensons que nos besoins sont supérieurs à ceux de l’autre).

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La violence éducative ordinaire impacte durablement l’enfant, même s’il ne s’en plaint pas

Quelles conséquences a la violence éducative ordinaire chez l’enfant ?

Un enfant qui subit de la violence grandit avec l’idée qu’être violent, c’est normal. Il intègre -corps et âme- qu’être violent est une solution acceptable pour résoudre les conflits. La VEO inculque aux enfants la loi du plus fort.

Par ailleurs, on peut se demander si l’on peut être crédible en expliquant aux enfants que c’est mal d’être violent ou blessant, alors que leurs propres parents le sont vis-à-vis d’eux.

Des études ont montré que si l’on frappe un enfant pour corriger son comportement antisocial, il devient plus antisocial sur le long terme. En outre, cela ne résout pas les problèmes d’agressivité ou de délinquance. Par contre, les châtiments corporels érodent la confiance entre les parents et les enfants et augmentent le risque d’abus d’enfant. Les punitions corporelles donnent aux enfants battus une mauvaise image d’eux-mêmes. Ils développent un sentiment d’abandon et d’humiliation, ainsi qu’une estime de soi et un amour propre dévalués. Cela mène également à des personnalités très agressives ou effacées.

En outre, un des problèmes avec la violence, c’est qu’elle devient de plus en plus violente. Ainsi, même une petite tape une fois peut se transformer en une perte de contrôle. D’ailleurs, la plupart des enfants tués sous les coups de leurs parents n’avaient jamais été frappé, ou que rarement.

Les enfants qui ont été frappés auront tendance a agresser leurs parents pour se venger et ce plus particulièrement lorsqu’ils vieillissent.

Les conséquences de la violence éducative ordinaire dans la société

Un enfant élevé dans la violence deviendra un adulte violent. Une telle personne aura tendance à être violente avec ses proches, son conjoint et ses enfants en premier lieu.

De plus, dans nos sociétés les prisons sont pleines. Combien de personnes incarcérées ne le seraient pas si leur éducation avait été différente ? Il a été démontré que les enfants qui ont été frappés auront plus de risques de tricher et de voler, d’être désobéissants à l’école ou encore de devenir malfaisants.

Qui plus est, un adulte qui a été frappé lorsqu’il était enfant aura plus tendance à être dépressif et aura plus de chances de se suicider. Il aura également un développement cognitif moindre.

La VEO apprend aux enfants -futurs adultes- à se soumettre aux plus forts, tout en détruisant leur empathie et leur sens moral. Elle leur apprend la violence, ainsi qu’à se soumettre à la violence, mais aussi à obéit aveuglément à toute forme d’autorité (patron, gouvernement, etc)  sans se poser la moindre question. Alice Miller, psychologue juive, a vécu la seconde guerre mondiale lorsqu’elle résidait en Allemagne. Elle s’est alors demandé comment tout un peuple pouvait se plier à la folie d’un seul homme. Pour elle, la réponse réside uniquement dans la VEO. Elle s’est aussi interrogé sur la façon dont une personne pouvait en arriver à vouloir exterminer tout un peuple. Là encore, elle a trouvé la réponse dans l’éducation reçue dans la jeunesse.

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L’arrêt des VEO peut améliorer l’entente au sein de la famille

Pourquoi les violences éducatives ordinaires sont-elles transmises à nos enfants ?

La VEO permet de traiter les enfants d’une manière qui est jugée insupportable lorsqu’on parle d’adultes. Quand on commence à réaliser que cela pose problème, on peut se demander pourquoi ce comportement est transmis de générations en générations.

Le principal problème est que le petit enfant voit la personne qui l’éduque, généralement sa mère, comme un dieu. Il est pour lui impossible que cette personne fasse quelque chose qui soit incorrect. S’il est puni, blessé, maltraité, il pense que c’est forcément sa faute. C’est pour cela qu’il ne réagit pas aux violences. D’un autre côté, une part de lui ne supporte pas ces violences. Il les emmagasine jusqu’à ce qu’il trouve un exutoire sur lequel il pourra les déverser. Comme il a été maltraité étant enfant, il va trouver normal de réitérer ce comportement sur ses propres enfants.

Comment reconnaître une violence éducative ordinaire ?

Les VEO sont ordinaires, cela implique que la plupart du temps, elles sont fortement ancrées dans les mentalités. Il est donc difficile de les repérer. Voici quelques pistes pour savoir si ce que vous faites est une VEO ou pas :

  • La punition n’a aucun lien avec le comportement de l’enfant. Par exemple « Va dans ta chambre » lorsque l’enfant répond, ou « Tu seras privé de dessert » s’il s’approche trop de la route. Si la punition est déconnectée de la « bêtise », l’enfant ne pourra pas apprendre à partir de son châtiment. Or si l’on applique un châtiment c’est justement pour enseigner quelque chose
  • Vous sentez que vous vous énervez. Il y a là de forts risques que vous « passiez vos nerfs » sur vos enfants plutôt que d’essayer de les éduquer. Il vaut mieux reprendre les choses une fois que vous serez plus calme. Vous pouvez par exemple mettre vos mains dans votre dos ou vous défouler sur un coussin prévu à cet effet (ceci est aussi efficace pour les enfants)
  • Si votre comportement ne serait pas toléré pour un adulte, c’est une VEO

Dans tous les cas, appliquer la non violence implique, pour les raisons que nous avons évoquées plus haut, une remise en question qui peut être douloureuse.

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La violence éducative ordinaire peut être éradiquée en en prenant conscience

Conclusion

Il est étonnant de noter que lorsqu’on frappe un adulte, c’est une agression, lorsqu’on frappe un animal c’est de la cruauté mais lorsque l’on frappe un enfant c’est de l’éducation. Le principal problème pour un changement des meurs reste le fait que la violence éducative ordinaire soit comme son nom l’indique ordinaire. Prendre conscience des problèmes qu’elle engendre peut permettre de remettre en question l’éducation que l’on a reçu ou celle que l’on donne à nos enfants. Mais cela implique une profonde remise en question, qui peut être difficile mais est salutaire pour nous, pour la société et pour nos propres enfants.

Pour aller plus loin :

  • C’est pour ton bien, d’Alice Miller, 379 p., ed. Flammarion
  • La fessée, questions sur la violence éducative, Olivier Morel, 159 p., ed. La Plage
  • le site Abus et maltraitance d’Alice Miller
  • le site de l’Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire

  • Châtiments corporels et violences éducatives-Pourquoi il faut les interdire en 20 questions réponses: Pourquoi il faut les interdire en 20 questions réponses
  • ÉDUQUER : tout ce qu’il faut savoir – Ni laxisme ni violence Les clés de l’éducation positive

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