L’adultisme : une fatalité ?

L’adultisme nie le droit au respect de l’enfant. La plupart d’entre nous le faisons sans nous en rendre compte. Comment résoudre le problème ?

L’adultisme, c’est quoi ?

L’adultisme, c’est le comportement qu’ont les adultes envers les enfants lorsqu’ils se permettent d’agir sans, voire contre leur consentement, au prétexte qu’ils sont plus grands, qu’ils savent mieux ou encore qu’ils sont plus expérimentés.

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Ainsi, les enfants est le groupe le plus opprimé sur terre. Le comportement de certains parents avec leurs enfants, comme les coups, les menaces, l’enfermement, etc, n’est autorisé contre aucun autre groupe. Pire, si quelqu’un agissait ainsi envers vous dans la rue, il ou elle finirait probablement au poste de police. Néanmoins, ce type de comportement est toléré, voire encouragé, contre les enfants, alors que contrairement à vous, ils ne peuvent pas se défendre.

Les causes de l’adultisme

La plupart des adultes jugent l’adultisme comme normal, car leurs propres parents se sont comportés de la sorte avec eux. Ce phénomène est bien expliqué par Alice Miller. Ils ne considèrent pas cette attitude envers les enfants comme de la torture, car cela impliquerait de remettre en cause leur famille. Or, admettre que les personnes qui sont censées prendre soin de vous, et vous aimer le plus en ce monde vous ont maltraité est très dur. C’est pourquoi l’adultisme est transmis de génération en génération.

L’adultisme : une fatalité ?

Que faire contre l’adultisme ?

La première chose à faire pour lutter contre l’adultisme est de prendre conscience de ce que l’on a vécu quand on était enfant. Puis de s’efforcer de repérer, dans notre comportement quotidien, ce qui s’apparente à de l’adultisme.

Par exemple, on peut se demander :

  • Est-ce que je veux que mon enfant porte un blouson, même s’il me dit qu’il n’en a pas besoin, parce que je m’inquiète de son bien-être ou du qu’en dira-t-on? Ou est-ce que je peux prendre le blouson avec moi et lui reproposer plus tard ? Souvenez-vous que les enfants ont un métabolisme plus élevé que les adultes : ils ont donc moins froid, et plus vous les couvrirez plus ils ressentiront le froid
  • Est-ce que je veux qu’il finisse son assiette en entier parce que je pense qu’il a faim ou que je veux avoir le contrôle sur tout ? Ou est-ce que je peux débarrasser l’assiette et lui reproposer quand il me dira qu’il a faim ? Pensez que les enfants qui mangent quand ils veulent, et pas à horaires fixes, ont un QI plus élevé que les autres
  • Est-ce que je veux qu’il s’endorme parce qu’il en a besoin ou parce que j’ai peur que la maîtresse pense que je suis un mauvais parent s’il à l’air fatigué à l’école ? Ou est-ce que je peux aider mon enfant à trouver le sommeil quand il en ressent le besoin ? Rappelez-vous que la plupart des adultes ne connaissent pas leurs propres rythme et besoin de sommeil car on leur a imposé des horaires de coucher

Refuser l’adultisme n’est pas du laxisme

On entend souvent que ne pas manipuler un enfant « pour son bien », c’est ne pas lui donner de cadre, ne pas l’éduquer, voire ne pas l’aimer. En fait, il n’en est rien.

On peut laisser plus de liberté à l’enfant tout en lui montrant la voie qu’on souhaite pour lui. Il est bon de se rappeler que l’immense majorité de l’éducation ne se fait pas par les privations ou les menaces, mais par le mimétisme. C’est d’ailleurs pourquoi l’adultisme est si répandu.

Ensuite, il est évident que dans une situation d’urgence, on ne peut pas toujours expliquer à l’enfant ce qu’on attend de lui. On peut choisir de ne pas frapper son enfant pour l’éduquer, et l’attraper par le bras s’il va traverser la rue alors qu’une voiture arrive à toute vitesse. Attention cependant à ne pas prendre le prétexte de l’urgence comme issue pour continuer à malmener votre enfant.

De même, l’argument selon lequel un enfant doit apprendre à obéir pour être intégré dans la société est fallacieux. Comme les enfants sont éduqués à obéir uniquement dans la peur de la punition, l’idée sous-jacente de cet argument est que l’on respecte les lois uniquement parce qu’on a peur des gendarmes. Or, un individu épanoui ne cherchera pas à nuire à son prochain, mais au contraire à participer du mieux qu’il peut à la société. Il n’a pas besoin de coercition car il comprend de lui-même que son intérêt est dans le respect des autres. C’est l’adultisme qui construit des individus perdus, sans repères et qui ont besoin de lois et de règles, que quelqu’un d’autre les guident, afin de savoir quoi faire dans leur vie. Si on laisse l’enfant s’exprimer dans sa totalité alors il saura comment se diriger tout en participant de manière active et positive à son environnement.

L’adultisme : une fatalité ? #2

Conclusion

L’adultisme est un mal de nos sociétés qui ne prendra fin que lorsque l’on pourra regarder en face le comportement que nos propres parents ont eu envers nous, et que l’on pourra nous en guérir. Il est possible de ne pas transmettre ce schéma et d’éradiquer l’adultisme, afin que nos enfants deviennent des adultes épanouis et responsables.

Et vous, comment protégez-vous vos petits de votre adultisme et de celui des autres ? Avez-vous des anecdotes à nous raconter ?

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